Lastours : 10 000 ans d'histoire
Le site de Lastours est l'un des plus originaux du Limousin,
du fait de sa diversité archéologique et historique.
Il se trouve aux confins du Limousin et du Périgord, sur une position stratégique
qui domine une grande partie de la Haute-Vienne actuelle.
Au commencement ...
Des prospections réalisées ont pu démontrer, grâce à la découverte de céramiques grossières et de silex, que le site est occupé depuis 10 000 ans environ (période néolithique).
On y trouve également les traces de deux enceintes : un oppidum gaulois et un camp romain, marquant l'occupation importante du site dès l'Antiquité.
L'an Mil
De la première occupation médiévale (entre 950 et 1150),
on observe la présence de trois mottes castrales.
Ces trois mottes supportaient chacune une tour de bois,
qui servait d’habitation au seigneur et de défense du lieu.
Chacune de ces mottes était entourée d'une enceinte villageoise.
Elles témoignent de la puissance des Lastours dès le XIème siècle.
La première motte se trouve au centre du village actuel de Lastours et supporte aujourd'hui l'église, qui a remplacé une chapelle construite
au XVème siècle.
La seconde est visible au flanc de la colline au Sud du village, mais elle est de taille plus modeste.
Enfin, la troisième se situait à quelques dizaines de mètres seulement des ruines du château.
Elle n'est presque plus visible de nos jours car elle a été en grande partie arasée au XIXème siècle pour construire la mairie de la commune.
Du bois à la pierre
Dans le courant du XIIème siècle, les tours de bois sont jugées trop fragiles et peu spacieuses : elles peuvent brûler facilement et être détruites grâce aux machines de guerre.
Elles sont donc progressivement remplacées par des tours de pierre, parfois sur la motte elle-même, mais plus souvent ailleurs. C'est le cas à Lastours.
La première des constructions en pierre est une tour carrée, qui deviendra plus tard le centre du château : le donjon.
On estime que celui de Lastours devait mesurer 40 mètres de haut (toiture comprise).
L'âge d'or
Les seigneurs continuent de faire agrandir le château tout au long des XIIIème et XIVème siècles, avec une première enceinte autour du donjon et un logis rectangulaire.
C'est à la fin du XVème siècle que les Lastours prennent à nouveau de l'ampleur et redeviennent une famille importante du Limousin.
Quatre tours supplémentaires sont progressivement construites pour fortifier l'enceinte, ainsi que de nouveaux corps de logis.
Un mur de façade pour l'entrée est également construit, mais aussi des courtines, reliant les tours nouvellement érigées.
reconstitution au XVème siècle ci-contre : Alain Fradet
Le déclin
Dès le courant du XVIème siècle va s'amorcer un déclin pour les Lastours, qui ira jusqu'à la destruction progressive de la forteresse et de la famille qui l'a occupé des siècles durant.
Ils finissent de se ruiner dans un procès interminable.
Les Lastours, devenus alors de simples marquis, n'habitent plus que la partie avant du château (les deux tours et la façade).
En 1783, les ruines du château et les terres sont mises en vente. C'est le seigneur des Cars, voisin, qui se porte acquéreur.
Sa propriété sur le château n'est que de courte durée car en 1789, la Révolution éclate et les nobles sont dépossédés.
Le château devient une carrière de pierres.
En effet, l'Arrêté Brival en Limousin ordonne la démolition des châteaux pour construire des maisons.
Lastours subit donc des pillages pendant plus de 150 ans.
Le sauvetage
En 1956, le château est inscrit à l'Inventaire Supplémentaire
des Monuments Historiques. Le pillage s'arrête.
En 1971, le château est découvert
par une petite équipe de bénévoles qui décident de sauver le site.
Le château est alors recouvert par la végétation
et les déblais de ses propres effondrements.
D'importants chantiers de débroussaillage et de déblaiements sont donc entamés.
La façade du château en 1975
La façade du château aujourd'hui
Une deuxième vie
En 1979, l'association ASPEL (Association pour la Sauvegarde du Patrimoine et de l'Environnement en Limousin) est créée.
Elle a pour vocation de sauver le château de la ruine et de l'ouvrir à la visite en proposant des animations.
En 40 ans d'existence, plus de 600 bénévoles ont travaillé sur le site lors de chantiers.